Cela sonne comme une servitude à laquelle l’on n’est plus habitué, toutes les émancipations soutiennent cette volonté d’être quelqu’un, non pas comme une imitation, loin de nous le livre qui a été le plus édité et le plus lu en son temps l’imitation de Jésus attribué à un certain Thomas Aquempis.
Et pourtant on ne voit que des moutons de panurges revêtus d’une sorte de cuir d’imitation douteuse. Les Lan kwai Fong et leurs semblables en sont pleins aux heures perdues des socialisants. Parfois c’est indispensable pour faire de bonnes rencontres, mais souvent ce sont des moutons de panurges qui peuplent ces lieux. A la recherche du gain qu’ils considèrent comme profitable à leur besoins, ils suivent docilement des gourous de la modernité. Que les gourous hindous me pardonnent cet usage sans doute abusif du mot, ce qui fait prolonger la vie d’un cliché.
Pourquoi Jésus a plus la cote chez les malingres et malmenés que ceux qui semblent être épargnés d’une telle identification? La croix et ses souffrances rapprochent et on est de connivence dans les petites choses comme dans les grandes de la vie certes frappée par le malheur, mais qui peut tenir encore grâce à un tel apport. Ils ne seront jamais dans la première vague de la dernière mode, c’est pas porteur y compris financièrement, trop gênant car indisposant les autres.
Souvent nous nous donnons une bonne figure face à la souffrance, et il n’y a rien de mauvais à cela. Jusqu’au moment ou cela n’est plus possible, se voiler la face c’est retarder l’éruption de la vérité sur soi-même et les souffrances non verbalisées deviennent gênantes quand elles s’invitent à la conscience. La souffrance met à nu les faiblesses et démasque les fausses sécurités qui ne peuvent pas protéger efficacement sans passer par la case de vérité sur soi.
Suivre Jésus ce n’est pas renoncer à soi même au sens de son identité ni son histoire que les souffrances marquent de leur empreinte et donnent du relief à la cartographie bibliographique. Suivre Jésus c’est chercher à se débarrasser de tout ce qui empêche de grandir. Nous sommes des êtres sociaux et les autres nous servent tantôt de béquille tantôt de miroir et nous les sommes pour les autres. Jésus n’est ni béquille ni miroir, il vit sa vie, il nous invite à vivre la nôtre en sa compagnie. Le suivre c’est chercher au travers la consistance de sa vie ce qu’il y a de consistant dans la nôtre.
Jusqu’à se mettre a nu dans la souffrance. Bien des pudeurs mal placées nous empêchent d’y aller banco. Sinon nous sommes identifiables à Pierre affublé du nom de Satan. Heureusement bien des anges veillent sur nous.
Je vous exhorte, frères, c’est saint Paul qui parle… par la tendresse (Romains 12,1-2). Il faudrait reprendre tout le passage de la deuxième lecture pour soutenir et résumer la méditation d’aujourd’hui. Je propose que quelqu’un le relise la voix haute.