aucun commentaire pour l'instant

Homélie du 10 octobre 2020

Heureux les invités

L’image de la vigne des dimanches précédents cède aujourd’hui la place au banquet royal où le produit de la vigne fait partie du repas. C’est un repas des noces du Fils, l’Agneau de Dieu avec son épouse qu’est l’Eglise. L’invitation envoyée par l’intermédiaire de l’Eglise concerne l’humanité entière, tous sont invités. Voici l’Agneau de Dieu, heureux les invités.Comme jadis,  beaucoup déclinent l’invitation.

Comment expliquer alors le refus d’une telle invitation? Si cela nous arrive dans nos agendas, c’est parce que nous sommes obligés de faire des choix. Et surtout en cette période de pandémie les noces se déroulent pratiquement sans convives. La joie ne peut pas être vraiment partagée. Trinquer virtuellement ne produit pas l’ivresse de la fête en direct. 

Ce n’est tout de même pas  par mépris que nous déclinons une invitation au mariage des cousins ou amis. C’est en privilégiant autre chose, encore plus importante. 

Est-ce possible de raisonner en ces mêmes termes dans le cas de l’invitation divine? Evidemment non, car nous savons qu’il n’y a rien de comparable, dans l’absolu, nous savons qu’il n’y a rien de plus important. 

Et pourtant il nous arrive si souvent de préférer les affaires de la terre à celles du ciel. Souvent nous le faisons en toute bonne conscience. Mais pour d’autres la réaction peut être bien plus forte. Refuser l’invitation c’est certes d’abord l’ignorer au sens premier du terme. C’est par une simple ignorance que nous la refusons.  Mais certains se saisissent des serviteurs et même les tuèrent.  On peut y  percevoir  l’ombre de l’athéisme militant.

Pourquoi une réaction si forte, si violente à une invitation somme toute bien agréable, pacifique et pour participer à la joie de la noce? Tout de même, ce n’est pas une séance de torture, et pourtant. La réponse est toujours dans le même sens. Parce que celui qui invite c’est Dieu lui-même. Mais pour répondre à son invitation, cela suppose la vraie conversion. 

Ce qu’un des convives n’avait pas fait. Alors que la salle était remplie de bons et de mauvais, ce qui veut dire que tous les autres, eux qui portaient l’habit de noces, étaient tous justifiés par Dieu. Or celui qui est resté avec son vêtement d’autrefois, cela veut dire qu’il n’a pas quitté le vieil homme avec ses vieilles habitudes. Son destin est le même que celui de Juda, les ténèbres. 

Qu’est-ce que Dieu vient voir lorsqu’il se promène entre les convives que nous sommes lors d’une messe comme aujourd’hui? Il veut savoir à quel point nous ressemblons à son fils. Saint Paul a expérimenté une conversion, et quelle conversion! A la suite de quoi il peut dire qu’en ressemblant au Christ, il peut tout, mais sans lui il ne peut rien. 

Et le psaume nous rassure avec cette magnifique image déjà bien présente dans la première lecture, d’une table dressée, déjà prête. Il suffit de dire oui et on participe à la joie de la noce. Qui ne le voudrait pas? Célébrer la messe, veut dire nous tourner vers l’avenir, où la mort sera détruite par Dieu “qui essuiera les larmes sur tous les visages” Is 25,8. 

Mais être invités aux noces de l’Agneau, c’est bien plus que de venir à la messe.  C’est  de se nourrir d’un tel repas de noces pour vivre en frères, comme le pape nous invite à le faire dans sa nouvelle encyclique: Tutti fratelli.    

AMEN.