Homélie du 12 mars

 Carême 3 homélie Épreuves et querelles.

Massa et Meriba sont des lieux dits qui portent bien leur nom: épreuve et querelle. Souvent les épreuves se transforment en querelles. Les épreuves se manifestent sous la pression des besoins basiques. Le besoin de boire est le plus criant. J’ai soif! c’est une constante que la Bible met en Lumière. Comme à l’époque de Moïse, et celle de Jésus, son actualité n’a rien perdu de son urgence. Le partage des biens n’est jamais parfait. Et si souvent c’est scandaleux,  le cri des  assoiffés parvient jusqu’au ciel.   

Sous pression du peuple en révolte, Moïse a fait jaillir de l’eau du rocher du mont Horeb. Nomen omen, dans la Bible rien ne semble laissé au hasard et surtout les noms sont chargés d’une symbolique parfois lourde. Horeb est un autre nom du mont Sinaï (lieu de la révélation divine à Moïse accompagnée de la remise des tableaux de la  Loi). Horeb veut dire sec, désertique. Ce qui était désertique et sec avant la révélation devient fertile après. L’eau a jailli en abondance. A condition de le désirer comme la femme au puits de Jacob.  Et elle a eu de la chance qu’elle avait saisie, celle de rencontrer  celui qui est le seul capable d’étancher la soif. 

Dans ces deux récits s’opère un passage imperceptible de l’eau qui sauve le corps physique  vers l’eau qui sauve l’âme (spirituelle). Le peuple de Moïse qui en est assoiffé pour survivre physiquement accède à la dimension spirituelle dans la mesure où il le fait, ce qui reste à prouver dans la durée. Chez la Samaritaine c’est immédiatement perceptible, elle devient missionnaire, le héro de la bonne nouvelle. 

Les personnes âgées souvent n’ont plus le goût pour la nourriture ni besoin de boire. Ce qui peut les conduire à un affaiblissement irréversible.  La spiritualité, la foi connaissent parfois  aussi une sorte comparable de lassitude. Dans les deux cas, les stimulateurs  (papilles gustatives etc) ne fonctionnent pas très  bien. La sécheresse devient de nouveau un état que l’on finira par trouver normal. Et c’est avec la complicité tacite parfois, surtout pour la soif spirituelle. 

Pour chercher de l’eau il faut en avoir besoin. Comment la trouver au désert? Attendre que les autres nous le reverdissent? Mais en creusant des puits d’eau vive.  Et comme se plaît la Bible d’avertir, par des puits d’eaux mortes. L’empoisonnement des puits par les bete mortes y jetées, a toujours été  pratiquée. La réaction est aussi  toujours la même, une constante. Chercher ou ne pas chercher, se révolter contre le manque d’eau vive, ou se contenter seulement de celle qui étanche la soif physique? 

C’est dans la rencontre que s’opère la véritable ouverture des rochers de nos vies qui sont bien plantés au milieu de nos vastes horizons désertiques. La samaritaine l’a faite, Moïse le signifie. Sans la rencontre l’eau jaillie du rocher n’est qu’ une belle histoire, sans plus.