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Homélie du 13 septembre 2020

Combien de fois dois-je pardonner à mon frère? Jésus est interrogé par Pierre qui exprime notre question à nous tous. Dans notre esprit, bien humain, nous sentons qu’il y a des limites au pardon.  Car, disons-nous, c’est trop facile de compter sur la miséricorde infinie de Dieu. 

Si c’est sans conversion du pécheur, et donc  sans “retournement” -changement- pour se repentir et abandonner sa mauvaise conduite, en effet cela ne lui servirait à rien. C’est le cas du mauvais serviteur. Lui qui avait reçu la remise de sa dette, qui pourtant était immense (2739 années de travail) n’a pas fait bénéficier son compagnon de la largesse semblable (trois mois de travail). 

Nous sommes déjà sauvés par Jésus qui a annulé notre dette sur la croix (1Tm 1, 13-16). Mais entre le savoir et l’accueillir, il y a encore du chemin à faire. Le plus grand obstacle, qui même peut gâcher tout, c’est notre incapacité à pardonner. 

Humainement cela n’est pas possible, car le principe de vengeance vient spontanément contredire toute velléité de pardon. Si le pardon à l’infini est possible, c’est seulement dans la foi. 

Ce qui veut dir qu’il s’agit d’une posture de croyant dans laquelle nous nous exerçons à pardonner. Sans jamais parvenir totalement, car faible est notre foi et imparfait est notre désir de pardonner comme Dieu le veut. Seul Dieu en est capable, mais en nous il le peut, si toutefois nous le lui permettons. 

C’est toute une vie qui est marquée par un tel apprentissage, La patience de Dieu doit être conjuguée avec notre persévérance.  Ensemble, avec Dieu et en communauté,  nous pouvons réussir quelque chose qui humainement n’est pas possible. 

Nous sommes invités à vivre dans la gratitude pour une si grande preuve d’amour qu’est le pardon reçu. Pour cela il faut avoir la mémoire de ce que Jésus a fait pour nous et la finalité de son acte. 

C’est au nom d’une telle foi que Jean Paul II a demandé à l’occasion du Grand Jubilée de l’an Deux mille aux pays riches de faire annuler au moins une partie de la dette des pays pauvres. (Je n’entre pas dans le débat de savoir si les dettes en questions étaient utilisées proprement, car cela est aussi de la responsabilité des pays qui prêtent.)  Quels pays l’ont fait? 

En 1965 les évêques polonais ont adressés une lettre aux évêques allemands dans laquelle ils pardonnaient et demandaient pardon pour tout ce qui s’était passé durant la seconde guerre mondiale entre les deux peuples. Ce fut le ferment de réconciliation. 

Le pardon est le seul chemin pour vivre en frères, la vengeance n’est qu’un chemin de violence qui reproduit la violence. Le chiffre 7 se dit en hebreu sheva, ce qui signifie rassasié. Sentons nous rassasiés de la miséricorde de Dieu pour pouvoir en nourrir d’autres. 

AMEN.