Il est heureux de pouvoir célébrer la messe de la Toussaint un dimanche. C’est comme si la boucle entre la résurrection du Christ et la promesse de vie était bouclée. Léon Bloy, écrivain catholique français, constate que la plus grande tragédie de l’homme est celle de ne pas être saint. Pour nous c’est comment? Le désir profond sans doute y est, mais nous avons plusieurs problèmes avec.
Le premier : ce n’est pas pour nous, nous en sommes trop loin. Manque de modestie chrétienne et de foi en la miséricorde de Dieu. Nous ne croyons pas que Dieu pourrait nous aider à nous laisser transformer. Ce manque d’appétence est intimement lié au déficit de la foi en la vie éternelle. Qui aujourd’hui prend la vie éternelle pour moteur de ses actions pour progresser lui même et aider à grandir les autres? La carence de la foi en la vie éternelle est liée à la carence de l’espérance.
Nous avons aussi un sens critique (heureusement) très développé. Mais il est imbibé des enseignements popularisés sur le sens critique de la lecture de la Bible. On réduit toutes les visions, les miracles, la résurrection du Christ y compris, à de simples expressions symboliques. Elles peuvent nous aider à vivre sur la terre, mais à quoi bon se projeter sur l’autre vie, puisque l’on a démocratiquement décidé qu’elle n’existait pas.
Ce n’est pas tout. Prendre des saints pour modèle c’est vraiment démodé, il y a mieux à faire. Halloween versus Toussaint. D’ailleurs la valeur d’exemple des saints a été fortement dévalorisée par la Réforme protestante. Toutes les critiques (justifiées en immense partie) à l’égard du culte des saints dénonçaient les superstitions. Nous les catholiques, nous les avons bien intégrées en nous méfiant de toutes sortes de déviances dans ce domaine. Mais nous n’avons pas réussi à reconstruire le socle théologiquement valable de leur présence et de leur soutien.
Les Béatitudes sont comme un décalogue chrétien. Huit sentiers sur lesquels marche le chrétien en vue de sa vie bonne en Dieu. Un tel chrétien marche sur le chemin de la sainteté. Il y est tantôt sur l’un tantôt sur l’autre, jamais parfaitement sur toutes, mais toujours dans la même direction. Tout y est connecté, mais tout y est fragile.
Le chrétien vit sa transformation lentement, mais sûrement. Ceux qui sont debout devant le trône céleste et devant l’agneau, ils ont déjà achevé leur vie sur terre. Ils sont passés par bien de difficultés, souffrances, martyres comme mamie de Nice… Nous sommes ici-bas en les contemplant. Ils sont en communion avec la Sainte Trinité, avec la Vierge Marie, avec tous les saints reconnus comme tels par Dieu.
Le mystère de leur communion dépasse l’imaginaire humain, que nul œil n’a jamais vu, et nulle oreille n’a jamais entendu, ce que Dieu a préparé pour ces élus. Que la vision de la foule immense des saints nous incite à avoir le désir de nous joindre à eux: Désir de voir Dieu.
Amen