Homélie du 1er octobre 2023 – Travailler à la vigne, j’y vais ou je n’y vais pas. 

Un jour mon père, en jeune militaire entre deux guerres, lors des vacances dans son village entouré des lacs, a vu un homme en train de se noyer. Sans hésiter il a sauté dans l’eau, et la suite était heureuse.

A>HESITER pour discerner.

Quand il n’y a pas d’urgence, hésiter à quelque chose de bon, cela permet d’explorer  les raisons d’une décision  à prendre. Peser les pours et les contres, tout le monde le fait, avec une intensité et une durée variables.

La parabole des deux fils montre les conditions qui doivent animer une telle décision. Même si elle peut recouvrir plusieurs aspects, tous se résument à une seule condition, celle de : se repentir, se convertir, changer radicalement, changer gratuitement juste par amour. 

Comment alors dans le processus de prise de décision nous  intégrons une telle évidence que l’Évangile nous met si souvent sous les yeux.  Il y a deux types de changements:

  • celui qui résulte d’une décision (changer de travail, d’école, de pays, ce  qui nous oblige à nous adapter au nouvel environnement, rapport à l’argent, à l’agenda, aux informations à disposition… )
  • et celui qui la précède, c’est le cas de la conversion qui conditionne toute décision envisagée du point de vue chrétien. Cela s’appelle discernement.

Si le premier cas est factuel et relativement facile à décrire, laissons le de côté au profit du second.  La conversion telle que le Christ la désigne est liée à la vie spirituelle. 

B> La VIE spirituelle est toujours en tension et ce dans trois types de situations:

  1. entre la continuité et la nouveauté (culture, foi, éducation)
  2. accomplissement et attente (savoir gérer les frustrations)
  3. tension liée à l’expérience de la diaspora (dans monde, pas du monde).

C> OUI et/ou NON : revenons à l’évangile d’aujourd’hui

Dire non puis se raviser c’est d’être dans la continuité de ce qu’il y avait avant, on ne change rien. Dire  oui c’est d’accepter la nouveauté. 

Si le non du premier fils n’était pas son dernier mot, c’est parce que son refus n’était pas très profond: manque de courage, oisiveté, poids de routine, mauvaise  habitude par l’égoïsme qui pousse a penser à soi individuellement sans tenir compte des autres. 

Si le oui du second fils n’était pas son dernier mot, c’est parce que son obéissance n’était pas assez profonde. En se contentant d’être politiquement correct. En se contentant de faire semblant (sauver la face!). En se contentant d’être gentil avec tout le monde, mais ne faire qu’à sa tête. 

Et si  le oui emporte sur le non, c’est parce que la conversion s’est opérée avant. Ce qui,  d’abord par obéissance extérieure puis de façon intérieurement intégrée, lui a permis d’aller dans les profondeurs de son être pour analyser ses motivations. 

Si le non emporte sur le oui, c’est que les secrets d’un cœur ferme sont démasqués. 

Tout cela vise à améliorer les conditions de la prise de décision, celle d’aller participer à la production du vin nouveau, celui de la fête divinement  préparée.