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Homélie du 24 Octobre 2021 – 30 DO

Cri de joie et égarement par ignorance

D’un côté cri de joie, de l’autre égarement et ignorance. D’un côté la lumière et de l’autre les ténèbres. Quand le Seigneur a ramené les captifs de Sion nous étions comme en rêve. Le psaume dit toute la joie que l’on éprouve au moment de la libération. Ce n’est pas ce que nous ressentons en ce moment. La cage dorée revient comme expression commune pour décrire la fatigue mentale liée à l’impossibilité de voyager pour voir nos proches, ni pour se détendre.

Tant que l’on a pas vécu, après une période difficile de séparation, la joie de retrouvailles profondes, tout peut s’embrouiller, devenir moins net, plus confus. On dit que dans la CCFHK, il y a un vent nouveau qui souffle. On transmet tous ce sentiment diffus d’être amené dans les profondeurs de notre être pour nous sentir vivants. Une sorte de communion dans la souffrance.

Le changement ne conduit pas forcément à une radicalité religieuse, au sens d’une véritable conversion du cœur à la suite des retrouvailles en profondeur avec le Christ sauveur. Certains sont déjà en chemin. Si cela n’aboutit pas spirituellement, cela risque de se transformer en radicalisation politique; tout comme dans l’éducation. Mais sûrement; cette souffrance communément partagée, conduit à chercher une lumière qui éclaire la conscience; laquelle fait tendre davantage vers le bien dans l’amour et le pardon. On est moins idéologue. On devient de plus en plus sympathique au sens profond du terme.

On peut deviner ce que ressentent tous ceux qui ont enfin retrouvé la liberté. Un de mes confrères pallottin, une fois sorti du camp de Dachau, pendant des années, le soir marchait dans le parc en tournant en rond avec juste cette pensée dans la tête: Jean tu es libre, tu es libre.

L’aveugle désire de tout son cœur être guéri pour enfin voir. Il était en chemin quelque part entre Jéricho et Jérusalem. Symboliquement, l’aveugle était dans la bonne direction, car il s’est tourné vers Jésus. Lui qui passait pour aller de Jéricho à Jérusalem et amener avec lui tous les frères humains à la ville sainte.

Jérusalem c’est le symbole du paradis, mais hélas perdu. Adam en fut chassé pour aller dans le monde sans cet amour ressenti au paradis, le monde symbolisé par Jericho. Une ville dans la montagne, une autre dans les profondeurs de la terre.

L’aveugle est si heureux qu’il jette par terre son manteau symbole du vieil homme, habitant le monde sans espérance. Il va suivre Jésus, contrairement au jeune homme riche, contrairement à tant d’autres. Il a accueilli la lumière qui a éclairé les ténèbres de son cœur.

L’humanité si souvent est dans l’égarement et l’ignorance. Pas besoin de développer des exemples pour le prouver. Tout ce que l’on entreprend sans la lumière que Bartimée a reçu de la part de Jésus, sans parfois ce soit nul, mais pas satisfaisant à long terme.

Cela se voit déjà dans le monde politique et économique. Tous les efforts pour protéger l’environnement humain sans faire attention à l’homme lui-même, sont des utopies dangereuses. Toutes les fraternités construites sur les intérêts communs plus ou moins avoués et avouables, se soldent par des réalisations dangereuses.

La seule fraternité qui lie et élève sans danger de perdre l’essentiel, notre vie, y compris éternelle, est la fraternité sans limite, spirituelle. Il faut encore déjouer tant de pièges qui peuvent s’y nicher. La religion ne protège pas totalement de l’aveuglement passager voire récurrent contre un tel reflux. Mais elle a les moyens pour guérir de cécité passagère comme durable. Y compris chez elle.

À l’époque les païens vénéraient le soleil, mais le soleil ne peut pas éclairer les ténèbres du cœur, du péché, de la mort. Notre Seigneur a détruit la mort et a apporté la lumière à travers l’annonce de l’évangile. Écoutons-le, suivons-le et nous retrouverons la lumière qui apporte la paix. L’égarement par ignorance se transformera alors en cris de joie.

Amen