Mariage au risque de… aimer malgré tout
Il est facile de mettre à l’épreuve quiconque voudrait parler de façon chrétienne du mariage.
Les pharisiens l’ont fait avec Jésus. Quiconque en fidèle prophète risque la même suspicion.
Alors que parler mariage c`est parler d’amour. Jésus l’a fait en montrant les enfants.
Dans la Bible, avec amour, apparemment tout commence bien. L’homme dans le paradis est
entouré des nombreux animaux qui lui tiennent compagnie. Mais finalement cela ne lui suffit
pas. Il a besoin de communiquer, voire communier pleinement avec quelqu’un qui lui
ressemble. Ou trouver une telle moitié? Dieu pourvoit.
L’image de la création à partir de la côte d’Adam est à comprendre de façon bien
symbolique. Adam est d’abord un prototype de l’humain. Sa caractéristique première est
celle de pouvoir communiquer avec Dieu de façon plénière, librement, par amour. Il lui
manque une communication horizontale. La communication verticale et horizontale sont
possibles grâce à la différence. Mais la lune de miel ne dure jamais bien longtemps. Dans la
différence se cachent tant de différents. Et les embrouilles se transforment vite en conflits.
A l’union succède la séparation. La désunion doit être gérée, il y a des institutions pour cela.
Moïse en a fondé une pour permettre à l’homme de répudier sa femmes comme bon lui
semble. Une tache sur la peau, un sourire de travers, une grimace dépréciant sa virilité, les
repas mal cuisinés, les enfants mal tenus….. Tout est bon pour s’en débarrasser.
Le mariage chrétien repose sur l’égalité de nature entre homme et femme, mais aussi sur
l’égalité des chances pour durer. Une seule condition. Prendre pour modèle l’amour du
Christ pour son Eglise qui est née de la côte ouverte de Jésus ‘endormi’, comme Adam,
mais sur la croix. Comme l’homme s’attache à sa femme le Christ s’attache à son Eglise.
Jésus, en frère, comprend parfaitement notre condition humaine et les mille difficultés qui la
traversent. Le vrai accompagnement des couples (avant, pendant et après le mariage, y
compris dans les situations de séparations réelles) doit être au cœur de la vie de l’Eglise.
Il faut alors entendre en Eglise ce que le couple désire et vit. Il faut aussi être ouvert à
entendre ce qu’elle a à dire. Car le Christ en tant que Dieu, nous aime tellement qu’il ne peut
pas nous laisser dans l’ignorance, voire dans le péché. Et pour savoir où réellement se
trouve l’ignorance et le péché, il faut aussi un discernement qui demande du temps, de la
patience et du courage de la vérité.
Tout cela c’est beaucoup sur nos pauvres épaules, les vôtres comme couple, les miennes
comme prophète chargé d’en parler. Les paroles du Christ sont-elles aussi intraitables que
cela? Elles sont bien mystérieuses pour nous. Mais ce sont des chemins de vie.
Ensemble, en qualité de disciples, nous pouvons avancer. La grâce du salut apporte la
charité. La crainte amoureuse de décevoir Dieu et le conjoint, permet d’avancer
sereinement. La vigilance est de mise, quand il en faut, toujours confiance. La barre est très
haut placée. Qui voudra s’y mesurer, qu’il avance. La perfection est divine, nous l’accueillons
comme le levain dans la pâte de nos vies. Pour le reste Dieu pourvoit. Et nous faisons ce
que nous pouvons, à condition d’user à bon escient de tout ce qui est mis à notre
disposition.
Amen