Autorité.
Les lectures d’aujourd’hui nous conduisent sur le terrain de l’autorité. Nous savons bien que sans elle rien ne peut avancer dans la vie individuelle ni sociale, au travail, dans l’éducation…, tout y est suspendu.
Et, en même temps, nous savons bien à quel point toute autorité peut se transformer en autoritarisme, à l’origine de toutes les dictatures. Et la vie appelée à grandir (c’est le sens du mot en latin auctoritas, faire grandir) se voit alors étouffée, en état de servitude. Dans la Bible, on distingue entre l’autorité de Moïse, celle des scribes, celle de Jésus et celle de Paul. Et cela suggère aussi la nôtre.
Jésus parle et agit avec autorité, en démasquant celle des scribes qui se contentent de commentaires des commentaires finissant pas s’écouter eux-mêmes plutôt que la parole de Dieu. Jésus s’impose à la synagogue de Capharnaüm et depuis dans toute sa mission. Son autorité fait réagir les esprits impurs. Ce sont eux qui en premier dévoilent la mission de Jésus. Elle consiste à détruire les puissances du mal: “Es-tu venu pour nous perdre?” s’inquiètent-elles.
C’est en ceci que Jésus a une nouvelle autorité que Moïse n’avait pas. C’est ainsi que, par son autorité, Jésus démasque toutes les ramifications avec les forces obscures, qui gauchissent son enseignement et sapent de mille façons son autorité. Or l’autorité de Jésus avec laquelle il donne un enseignement nouveau vise à rendre l’homme libre. Elle vise à libérer l’homme du pouvoir des démons.
Cependant, il y a une nuance qui est apportée à l’enseignement qui en découle. Paul dans la deuxième lecture en donne un exemple qui fait (le cas d’)école. Paul, si souvent directif, cette fois-ci se contente d’un avis, d’une recommandation. Pourquoi une telle attitude?
Parce qu’il s’agit du Royaume de Dieu, de l’objectif final de toute vie chrétienne. Et pour y accéder, on ne peut le faire que par un choix libre fait par amour. Même quand Jésus parle du choix du Royaume de Dieu, il reste dans le conditionnel,”si tu le veux”. Tout cela est renforcé par cette fameuse formule qu’il utilise souvent : celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entend (Mt 19,2).
Paul ne demande pas à tout le monde de devenir comme lui. Lui, célibateur consacré totalement à la mission de faire advenir le Royaume de Dieu. Il sait que cette radicalité n’est pas donnée à tous. Il le sait parce qu’il respecte la diversité des dons que Dieu offre à chacun. Sa recommandation vise la mise en lumière de la mission. Elle n’est aucunement une incitation comparative, l’erreur que l’on a si souvent répétée dans l’Eglise pour inciter les vocations spécifiques, sacerdotales et religieuses, qui sont liées au célibat.
Deux conclusions:
-L’enseignement de Jésus porte sur le choix par amour: si tu le veux, et ses conséquences: c’est ainsi. Une autorité sans autoritarisme.
-Il serait bon que cette distinction entre la recommandation et l’enseignement avec autorité soit plus nettement prise en compte dans l’Eglise, surtout dans ses applications pastorales. En respectant la diversité des dons et le temps de la croissance du Royaume qui vient.