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Homélie du 4 octobre 2020

la vigne plantée.

Nous sommes  dans la période du calendrier liturgique qui nous conduit vers la fin de l’année. Tout se terminera par le retour glorieux du Fils de Dieu. C’est aussi pour nous le rappel de la fin de tout, en commençant par notre vie.  Dans la parabole sur les vignerons homicides, Jésus parle de son accueil mais vu dans la perspective de son retour glorieux.  Que s’est-il passé? Et en quoi cela nous concerne-t-il?

La parabole met en scène la manière dont le Fils de Dieu fut traité par ceux qui étaient censés l’accueillir. Ils l’ont tué au sens physique du terme en cherchant à effacer sa mémoire. Nous sommes les héritiers de l’espérance qui vient de sa résurrection, mais enclins à faire la même chose. 

La vigne représente le temps de l’Eglise. Le fruit de la vigne en grappes de raisin à consommer directement ou comme vin nouveau, c’est la Bonne Nouvelle. Nous avons la mission de l’annoncer à d’autres. Mais on ne donne et ne transmet que ce que l’on a reçu. 

Que faisons-nous du produit de la vigne? l’Esprit Saint pousse nous-t-il suffisamment fort pour en vivre et à aller ? Où comme les vignerons indépendants, donc finalement homicides, n’avons-nous pas envie de nous saisir de l’héritage pour notre propre compte ?  Sans passer par le Christ qui sur la croix, ce pressoir, a produit du vin nouveau.

Nous avons vécu sans messe pendant si longtemps. Etait-ce éprouvant, nous a-t-elle manquée? Certes nous avons vécu de bonnes choses en famille en nous rapprochant les uns des autres. Comment relions nous cela à Dieu? Quelle reconnaissance à l’égard de lui qui représente cette autre réalité, ce mystère que nous célébrons ce soir.

Oui, parfois  nous aussi, nous avons envie de nous saisir de cet héritage promis par Dieu sans passer par le Fils. Cet héritage, c’est la vie éternelle, nombreux sont ceux qui pensent que croire en la bonté de Dieu suffirait. Pourquoi passer par toute cette doctrine sur le salut que Dieu nous donne dans son Fils marqué par la souffrance et la mort? 

Mais sans passer par le plan du salut en Jésus-Christ, l’héritage en question  finira par pourrir dans nos vies sclérosées sous les carcans de nos lois humaines dans lesquelles on va étouffer la loi de Dieu. 

C’est vrai pourtant des situations par exemple sur les lois régissant les débuts et la fin de vie, sur la manière de gérer les richesses… 

C’est vrai sur la liberté et la démocratie qui sont si menacées dans le monde d’aujourd’hui. Et le recul de la foi chrétienne y est pour quelque chose. 

C’est vrai dans des situations parfois aussi emblématiques que celle de ce rescapé de la tuerie de Charlie Hebdo en 2015 qui de façon héroïque a surmonté tant d’épreuves. Et à la demande de la journaliste si le ciel avait existé comment cela aurait-t-il changé sa vie, il répond en toute franchise désarmante et pleine de sincérité en constatant qu’il aurait été obligé de se priver de tant de joies que la vie procure. Un hédonisme peut être accompagné d’une ouverture d’esprit et de générosité. Mais, il ne tient pas compte de la Bonne Nouvelle. 

Pour certains, c’est  donc résolu une fois pour toutes, en déclarant que Dieu n’existe pas et qu’il  ne  faut  compter que sur ses propres forces pour survivre.  

Et dans les situations où nous cherchons le secours de Dieu, nous lui reprochons souvent son absence. Certes, c’est un grand défi pour la foi chrétienne. Et on n’a pas fini de scruter le mystère de sa présence dans nos vies et dans la vie de l’Eglise qui nous donne des indices. 

Paradoxalement,  nous le cherchons, et en même temps souvent nous avons envie de l’effacer de notre mémoire. Le faire disparaître, le rendre  absent de nos vies, chacun de son côté, mais sans interférer dans la nôtre. Car, finalement  il nous gêne, nous dérange, ne nous sert à rien d’intéressant de notre point de vue. Nous abordons  par l’efficacité, alors que Dieu nous éprouve dans la fidélité. C’est un jeu de cache cache permanent. 

Cela peut  provoquer des inquiétudes chez certains qui se sentiraient perdus, sans voir clair. Paul trouve les mots pour accompagner de telles situations: “Frères, ne soyez inquiets de rien, mais en toute circonstance priez et suppliez  tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes.” 

Encore une fois l’appel à la conversion est lancé. Le psalmiste l’a très bien compris en constant: “Dieu de l’univers reviens, jamais plus nous n’irons loin de toi.” La vigne plantée dans nos vies portera du bon fruit.

AMEN