Carême 2 Quitter pour se retrouver.
Après le récit de dimanche précédent qui mettait en exergue le soupçon à l’égard de Dieu, les lectures d’aujourd’hui nous mettent sur le chemin de la foi. C’est comme si le soupçon était tout naturel et seulement la foi relevait d’une grâce, sans laquelle ni Abraham ni nous ne pourrions rien dans le domaine de la foi.
Faire acte de la foi, c’est de partir d’un monde vers un autre, c’est devenir pèlerin, alors que l’on voudrait être un simple touriste qui paye et se croit quitte. La foi suppose la transformation qui passe par l’obéissance à l’appel.
Quitte ton pays et va pour toi. Abraham est un nomade et l’appel qu’il entend ne change rien sur le fait de se déplacer. Mais cette fois-ci, il obéit à cette voix qui le pousse à remonter le croissant fertile pour éviter la traversée du désert, pour arriver à la terre promise. Les chemins les plus courts que le désir humain emprunte ne sont pas les plus fructueux. L’immense désert que traversaient les caravanes avec leur marchandise devient le symbole d’une telle stérilité.
Abraham obéit à une voix qui le pousse à changer intérieurement : Va pour toi, pour ton bonheur. Le croyant sait que l’aboutissement de sa foi est son bonheur. L’objectif d’une vie n’est pas tant de croire ou ne pas croire que Dieu existe, mais de savoir trouver ou est le véritable bonheur. Il n’est pas forcément dans la négation du bonheur terrestre, humain, corporel, il est dans son orientation et son dépassement. Et la foi permet de reconnaître la source du bonheur.
En échange de sa foi, Abraham reçoit une promesse d’une descendance nombreuse, dans laquelle tous les peuples de la terre seront bénis. S’ils le veulent bien. Aucun appel n’est égoïste, il est pour la communauté humaine, celle du peuple élu d’abord, de l’humanité entière par la suite. Les chrétiens sont des passoires du particulier de la voix du peuple élu vers l’universel de la promesse.
La foi est une confiance en l’efficacité divine de la libération de l’esclavage politique, sociale, religieux. Ce dernier prend une forme particulièrement dramatique, car faisant détourner la religion de son but, au lieu de libérer, au contraire elle soumet et ligote politiquement, et souvent socialement.
Pour lutter contre ce type esclavage, la Transfiguration montre le moyen, celui de la vision mystique à prévaloir sur les réglementations, celui de la collégialité dans l’exercice de pouvoir (Pierre accompagné de deux frères). A chacun d’accomplir sa mission, sans quoi il manquera de la présence de Dieu là où il attend à être béni, dans l’humanité entière. Mais cela coûte, à chacun de prendre sa part de souffrance, comme Paul invite Timothée,
Le baptême nous y repose, notre repose en dispose. C’est quoi la liberté de choisir?