L’édito du père Remy

Avec le relâchement des restrictions covidiennes (mon correcteur automatique s’obstine à mettre comédiennes, je vous laisse apprécier), on a l’impression de vivre à découvert (bas les masques!). Et de nouveau vivre en accéléré, voire plus qu’avant. Et ce n’est pas à cause du contraste avec le temps d’arrêt pour ne pas dire le temps mort qui nous accompagnait s’écoulant au rythme des heures passées devant l’écran et sur le canapé. 

La reprise frénétique des activités professionnelles pousse plus d’un aux limites de ce que la résistance mentale et physique peut absorber. Ceux qui ne misent que sur la croissance économique mettent sous pression les équipes de collaborateurs. Comme si l’on devait même rattraper le temps perdu. Grave erreur, ils vont précipiter dans le gouffre de l’incapacité professionnelle et surtout humaine des professionnels qui n’auront jamais le temps de s’arrêter. Sauf quand ils ne pourront plus à cause du corps qui va dire stop! Mais, ce serait le problème de la société, pas celui du business. 

Dans ce contexte, le carême est un temps qui vient à point nommé. C’est une occasion pour s’arrêter et voir de plus prêt où en est la vie.  Durant la pandémie, bien des liens ont été gravement endommagés.  Quelles sont les priorités dans la vie (famille, profession etc)? Pour faire ce “travail” on n’a pas besoin de carême, certes ! Mais seulement le carême, vécu bien chrétiennement, personnellement et en communauté, peut offrir ce dont on a besoin dans la totalité de notre personne, sur le plan personnel, familial et spirituel. C’est une occasion de se retrouver avec soi-même et les autres pour se laisser remplir d’une grande dose d’espérance qui seule peut conduire au-delà de tant d’espoirs dont on désespère de plus en plus. 

Aller au désert où on ne constate que la rudesse des conditions, ce n’est pas très attirant. Y aller en sachant que les oasis ne sont pas loin, c’est une autre histoire. C’est surtout lorsque l’on a pas le temps qu’il faut s’arrêter, c’est le temps de la perte du temps, celui qui perdra sa vie de la sorte, la trouvera en vérité. 

A chacun de voir comment et par où passer pour traverser ce désert de nos vies desséchées, car, souvent malgré bien des apparences, privées de l’essentiel. Et comment irriguer à partir des sources d’eau vive trouvées dans ce désert pour le transformer en une vaste plaine fertile de nos vies. Une écologie spirituelle s’invite à la danse avec l’écologie tout court. Comment la refuser!? Et comment ne pas compter sur l’aide “des sourciers”?