Les journées pastorales des communautés catholiques francophones (“CCF”) dans le monde se sont déroulées du jeudi 29 août au dimanche 1er septembre 2019 à Lyon autour du thème “Aux origines du christianisme en France, la quête d’une authentique fraternité”.
Le Père Remy a représenté la CCFHK. Il témoigne :
“C’est déjà la septième fois que j’ai la chance de participer aux journées des CCF organisées chaque année dans une ville d’Europe. Lyon fut choisi pour nous faire plonger dans les origines du christianisme de la Gaule. Les journées se sont déroulées autour du thème “Aux origines du christianisme en France, la quête d’une authentique fraternité”. C’était une manière efficace de galvaniser nos communautés respectives par l’intermédiaire des représentants que nous étions. Si tous les continents étaient représentés à travers plus de 50 participants venus essentiellement d’Europe, nous étions 7 d’Asie représentant quatre CCF (Japon, Vietnam, Chine dont Hong Kong).
Le bénéfice de ce genre de réunions est double : nous faire plonger dans l’histoire locale et échanger sur nos expériences respectives. Ce qui ressort cette année, c’est le souci d’une bonne action missionnaire. Elle s’enracine dans la fraternité christique de la communauté des croyants. St Irénée donne des critères de ce qu’est le réel et la vérité pour savoir comment être missionnaire. Dans la confrontation avec la gnose*, l’Eglise de l’époque (et ceci depuis) était amenée à se définir clairement en faveur de la réalité du monde créé contre celle des idées propagées par la gnose.
* La gnose est un courant de pensée et d’action né au sein du christianisme, comme une contestation du réalisme avec lequel l’Eglise interprète les Ecritures et accorde une place centrale à la double nature du Christ, vrai Dieu, vrai homme.
Or, la “superspiritualité” de la gnose se présente comme un moyen du salut personnel par accession aux savoirs cachés dans les Evangiles et pourtant non révélés par l’Église. La gnose propose une théologie “augmentée” qui en fait n’est qu’une instrumentalisation de la Révélation pour le bien individuel. En ceci, depuis son apparition au 2e siècle, elle est post-moderne. A cela l’Eglise oppose le critère d’incarnation comme principe du réel de la vie humaine inscrite dans l’histoire, considérée comme chemin de salut. Irénée au côté de son prédécesseur Potin et Blandine et tant d’autres témoins de la foi sont, pour nous, des lettres vivantes qui remplissent de belles pages de l’histoire chrétienne. Et leur témoignage nous inspire face au défi du monde moderne où la gnose réapparaît comme solution au destin de l’humanité. Dans sa version moderne, elle se présente comme une fraternité purement humaine avec une utopie de salut par les sciences naturelles seules et les savoirs qui en découlent. C’est à cette fraternité horizontale que semblent majoritairement aspirer nos contemporains.
La situation du christianisme fortement minoritaire à l’époque de St Irénée, sauf quelques exceptions, nous rejoint alors de façon encore plus forte dans la vie de nos communautés francophones de par le monde. Lutter contre l’isolement par la mise en réseau n’est pas la seule solution pour maintenir en vie la foi chrétienne dans son expression française. Il faut en même temps cultiver la fraternité christique de nos communautés dont les effets rejaillissent dans le monde. La valeur ajoutée du christianisme est dans cette gratuité relationnelle qui ne se limite pas à une fraternité choisie. Il était bon de le réentendre à Lyon, à la source du christianisme en France.”