aucun commentaire pour l'instant

Mot du Père Rémy sur la visioconférence “Face of Christ Haïfa” – 27 janvier 2021

La nouvelle collaboration entre la CCFHK et l’Université d’Haïfa, en Israël a débuté ce 21 Janvier par une visioconférence animée par Dr. Emma Maayan-Fanar, du Département d’histoire de l’Art de l’université d’Haïfa. Cette conférence portait sur la découverte récente par une équipe d’archéologues de l’Université d’Haïfa dans le désert du Negev, au Sud d’Israël, d’une des plus anciennes représentations connues du Christ.

Ce lien entre l’Université et la Communauté catholique francophone de Hong-Kong va perdurer toute l’année 2021. Nous aurons ainsi la chance de pouvoir organiser une série de conférences avec des professeurs de cette université sur des sujets des plus variés. La prochaine prochaine conférence est prévue le 14 Avril.

 

Retour du Père sur la visioconférence du 27 Janvier 2021 “Face of Christ Haïfa”:

Les dernières découvertes des peintures murales du Christ dans deux églises du 5ème siècle sur le site archéologique de Shivta dans le Negev remettent au centre la réflexion sur le droit à la représentation de Dieu et si oui comment.  C’est un vieux débat qui se déroule sur un double fond : celui des hérésies sur la nature du Christ et celui de la lutte contre les représentations des divinités païennes. Ce débat animait le christianisme dès ses origines, dès les premiers siècles on préfère une représentation symbolique de l’agneau qui s’est offert pour le salut des hommes. 

Mais le désir de la représentation symbolique de Jésus se concrétise sous forme de peintures et mosaïques. Les monastères de Sainte Catherine au Sinaï et la chapelle  byzantine de Ravenne sont les témoins du V siècle dont les découvertes de Shivta confirment l’étendue de ces représentations  dans l’art chrétienne de l’époque.  Au VIII et IX siècles, à la faveur d’une accusation d’idolâtrie à l’adresse des chrétiens arméniens,  les empereurs byzantins partent en guerre contre les images et surtout les monastères qui les abritent. Sur le fond plus politique d’influences que théologique d’expressions, ce débat se transforme  en guerres dites  iconoclastes. 

Dans le judaïsme, tout comme dans l’islam l’interdiction de représenter la divinité est absolue.  Il y va de la pureté de l’expression de ces deux religions. Tel n’est pas le cas du christianisme qui, en vertu de l’incarnation du Fils de Dieu,  a une porte ouverte sur la possibilité de représenter le Christ sous forme d’images. Deux milles ans d’histoire du christianisme témoignent de l’évolution de cette possibilité. Le débat  sur la nature divine et humaine du Christ fut clos de façon dogmatique. 

Les guerres iconoclastes ont précipité la séparation entre deux parties de l’Empire.  Parmi les indices révélateurs se trouvent le mot grec proskynesis, vénération, traduit en latin par adoratio (adoration). Cette séparation est bien visible encore aujourd’hui. Si en russe le mot ikona est réservé à la représentation religieuse, en grec le terme eikon veut dire image pour indiquer une ressemblance quelconque. L’icône orthodoxe est avant tout la représentation des qualités de la personne et de son élévation vers le ciel. Alors que les représentations occidentales, “héritières” d’une compréhension grec du mot image, représentent un spectre très large pour montrer la divinité du Christ au travers son humanité. 

La vision conférence sur les dernières découvertes de Shivta portait sur le chemin qui y a conduit.  Son intérêt actuel se trouve renforcé par le débat sur l’authenticité du linceul de Turin dont le visage du Christ est caractéristique pour les représentations du XII siècles. Reste ouverte le débat sur l’authenticité du linceul, tout comme  sur la  correspondance entre le visage du Christ au très réels (les cheveux bouclés, coupés court, long nez) de Shivta et ceux des Icônes  pour savoir si ce sont  les représentations symboliques qui ont servies de modèles au représentations plus soucieuses de ressemblance physique ou l’inverse. 

Sans négliger  les avancées scientifiques dans le domaine de la connaissance de la morphologie de Jésus, la foi cherche avant tout à s’attacher à un homme,  qui tel un tabernacle formé de la nature humaine dans sa globalité, portait une vie divine.