
L’année liturgique, marquée de soubresauts et d’interruptions pour raisons sanitaires, vient de se terminer en apothéose lors de la Solennité du Christ Roi de l’Univers (22 Novembre 2020) – quelle célébration ! Quelle joie d’entendre ce « Je crois » profond de nos adolescents, faisant écho à celui de l’assemblée ! Juste rappel s’il en était besoin qu’au bout du compte, le Christ triomphe toujours, et que la foi de notre communauté est plus forte que les obstacles accumulés cette année.
Une nouvelle année liturgique commence ce dimanche (29 Novembre 2020, 1er dimanche de l’Avent, année B). C’est l’occasion de rappeler brièvement quelques principes clés concernant la place de la musique dans la liturgie.
Qu’est ce que la liturgie ?
Etymologiquement, ce mot provient de deux mots grecs, « leïtos », dérivé d’un mot signifiant « peuple », et « ergon », signifiant « action, œuvre, service ». La liturgie est un service mutuel entre Dieu et son peuple (c’est-à-dire nous !). La messe, lieu clé de la célébration liturgique, comporte donc inévitablement une double verticalité :
- Service de Dieu au peuple: Jésus, notre Roi venu non « pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mt 20, 28), nous parle et vient nous toucher, afin de nous nourrir et faire de nous des missionnaires renouvelés. Dieu s’abaisse à nouveau jusqu’à nous, pour nous sanctifier et nous permettre de siéger à ses côtés (le plus tard possible !) au Royaume des Cieux ;
- Service du peuple à Dieu: le peuple des fidèles répond à l’appel du Seigneur, et se met en route vers Dieu, afin de lui rendre grâce et célébrer sa gloire.
Cette double verticalité de la liturgie converge dans l’Eucharistie, « source et sommet de toute vie chrétienne » (Catéchisme de l’Eglise Catholique), mystère de cette communion dans laquelle Dieu pénètre notre chair et où nous nous élevons en retrouvant notre unité avec le Seigneur. Forts de sa Parole et nourris du Corps du Christ, nous sommes alors prêts à repartir dans le monde pour répandre la Bonne Nouvelle et porter du fruit.
Comment la musique s’insère-t-elle dans la liturgie ?
Tout simplement en mettant en musique ces deux dimensions de la liturgie, c’est-à-dire en renforçant la connexion entre Dieu et le peuple des fidèles ! En d’autres termes :
- La musique, écho de la Parole de Dieu: l’année liturgique est découpée en plusieurs temps, chaque temps ayant une signification propre et une continuité logique, reflétant le passage du Christ parmi nous, depuis l’annonce de sa naissance jusqu’au don de l’Esprit Saint. Chaque dimanche, le Christ, par son Eglise et l’écoute de sa Parole, nous invite à méditer sur des points bien précis. La musique liturgique, par le choix des chants mais aussi des silences, a pour fonction d’inviter l’assemblée à accueillir la Parole de Dieu lue pendant la messe. Elle doit donc s’accorder avec cette Parole et le temps liturgique en cours, d’où la recommandation de conserver le même ordinaire de messe lors d’un même temps liturgique, afin d’en marquer la couleur et aider l’assemblée à accueillir la spécificité de chaque temps liturgique. Dans le cas contraire, la musique liturgique risquerait de banaliser et diluer le message du Christ, voire de le reléguer au second plan – comment pourrions-nous alors porter du fruit auprès de nos contemporains ?
- La musique, vecteur de conversion et de mise en route du peuple vers Dieu: la musique liturgique doit faire « vibrer le cœur de nos contemporains, en créant un climat émotif opportun, qui dispose à la foi et suscite l’accueil et la pleine participation au mystère que l’on célèbre » (discours du Pape François à l’occasion des cinquante ans de Musicam Sacram). Dieu veut nous rencontrer, encore faut-il vouloir aller à sa rencontre ! Pour insuffler cette volonté de se rapprocher de Dieu dans l’assemblée, la musique liturgique doit de préférence s’appuyer sur des chants suffisamment connus, susceptibles de toucher les cœurs, sous peine de créer une distance entre le peuple et le Seigneur. Toute communauté étant composée de diverses sensibilités, classes d’âge etc., il est cependant illusoire de penser que tous les chants susciteront l’adhésion de tous : le défi réside dans le fait de trouver cet équilibre subtil entre popularité et beauté des chants, préférences personnelles… qui entraînera ce désir de conversion des cœurs.
Plus facile à dire qu’à faire ? J’admets volontiers avoir parfois du mal à trouver l’équilibre requis dans les choix de musique liturgique, entre adhésion des fidèles et lien avec la Parole : mea maxima culpa (clin d’œil à tous les amoureux – ou non – du latin !). Mais avec l’Esprit Saint, votre aide bienveillante et vos suggestions bienvenues, organiser de belles célébrations qui glorifient le Seigneur, tout en suscitant la joie dans notre communauté, est à la portée de tous !
Je vous souhaite un joyeux temps de l’Avent, dans l’espérance de la proche venue du Sauveur.
Fraternellement,
Gwenaël
Pour de plus amples lectures sur le sujet de la liturgie, n’hésitez pas à consulter le site https://liturgie.catholique.fr/, édité par le Service National de la Pastorale Liturgique et Sacramentelle (Conférence des évêques de France).