Nous t’adorons, Ô Christ et nous Te bénissons ! Parce que tu as racheté le monde par ta sainte Croix.
Celui de Pilate qui cherchait la vérité pour être sûr d’être bien installé dans le pouvoir.
Celui des grands prêtres et de toute l’attirail des gardiens du Temple, celui des grands intérêts dans les petites causes.
Celui de la mère dans celui de l’enfant,
Celui du fils dans celui de la femme.
Celui de Véronique qui ne savait plus où poser son regard pudique, sur le visage défiguré sur son corps où celui imprimé sur le voile qui servait de linge de toilette.
Celui de Simon de Cyrène qui préférait tourner son regard vers la terre, d’où il venait et vers où sans doute, il allait retourner après une journée longue de toute une vie de labeur.
Celui des soldats posé sur le corps inerte du condamné sous le bois de la croix.
Celui des femmes éplorées sur le sort triste d’un homme sans aucun doute juste.
Celui de la foule avide de sensations qui compte les points comme autour d’un ring jusqu’à la dernière sommation.
Celui de Pierre craintif honteux et apeuré se fermant les yeux pour que le brouillard dans la tête reflète en malheureuse harmonie le brouillard autour de lui; ne pas voir pas plus qu’entendre est toujours mieux pour survivre plutôt que se laisser surprendre par ces signes de la vie qui ne font pas plaisir mais font avancer et reprendre ainsi le cours de choses, comme autrefois, lorsque croire le maître était de bon aloi.
Et son regard à lui agonisant du haut de la croix d’un œil déjà éclaté et couvert de boursouflures coloré d’hématomes, avec l’autre à peine distinguant ce qui y pouvait encore se trouver en bas, tout devenant plat, sans perspective ni de lendemain ni de la profondeur d’horizon ni de ce qui le compose en termes de la vie et de la foi. L’agonie de son regard était là, lente, irréversible, pas à pas, inexorable, pixel par pixel, vers le néant et son implacable loi, où tout devient ténèbres où tout est déjà si froid.
Il avait la force des neurones pour faire la connexion avec tous ces miracles, où il ouvrait les yeux des aveugles. Pas sûr, mais non loin de là se trouvait aussi de lui cette scène où il a guerroyé pour un aveugle deux et 3 fois, les lentilles progressivement s’ouvrant à la lumière. Ici c’est l’inverse, tout se ferme et tout se meurt, il n’aura même pas le temps de fermer les paupières sur ses yeux écarquillés qui depuis déjà longtemps voient de moins en moins et avant le dernier souffle que voient-ils? Qui les dira?